NATURE ET SUPPÔT. DU THOMISME MODERNE AUX LECTURES CONTEMPORAINES DU QUODLIBET II DE THOMAS D’AQUIN

La question sur la distinction entre suppôt et essence constitue l’article 2 de la quaestio II du Quodlibet II et, par conséquent, relève certainement d’une phase de maturité de la pensée de Thomas. Thomas affirme que, pour bien comprendre la question, il faut examiner ce qu’est le suppôt et ce qu’est la nature. « Nature » se dit de plusieurs manières, mais, en un sens, elle est la substance même d’une chose : selon l’enseignement d’Aristote dans le livre V de la Métaphysique, en effet, subs tance signifie l’essence ou la quiddité de la chose, ou ce qu’elle est. « Nature », ici, correspond bien à ce que signifie la définition et c’est selon ce sens du mot que Boèce indique que « la nature est tout ce qui donne une forme selon une différence spécifique » : la différence spécifique complète la définition. En revanche, suppôt est la substance singulière, et en tant que tel il est appelé aussi « hypostase » ou « substance première ». À partir de ces définitions, Thomas entreprend l’analyse des rapports entre nature et suppôt, et cela en premier lieu dans les substances sensibles, puis dans les substances angéliques puisque, par rapport à nous, les substances les plus connues sont celles composées de matière et de forme.