Cette contribution se propose de donner une interprétation axiologico-affective de l’incipit menaçant du J’Accuse de Zola. Par l’appui des fondements de la rhétorique classique, de la théorie de l’argumentation renouvelée par Perelman et, notamment, de la théorie de l’argumentation des émotions, cet article vise à souligner la fonction et l’efficacité de la charge affective de la menace dont Zola prévient le Président Félix Faure. Notre objectif est de démontrer que la menace, dans le but de poser les bases d’une révolte morale, sert à orienter émotionnellement le lecteur en suscitant des sentiments tels que la peur ou l’angoisse dont l’argumentation se fonde surtout sur la valeur de justice. Sous la forme d’un avertissement, Zola dit implicitement au premier citoyen de la France que son attitude par rapport à l’affaire Dreyfus est inappropriée et qu’elle pourrait nuire à son « nom » et à son « règne ». La menace devient, ainsi, une demande implicite d’engagement, un appel à agir contre les responsables de l’affaire et au secours de Dreyfus et de toutes les victimes. C’est là l’acte illocutoire de l’auteur apte à produire un effet perlocutoire sur le Président en particulier, et sur le grand public en général. The aim of this study is to furnish an axiological-emotional interpretation of the menacing incipit of Zola’s J’Accuse. Starting from the traditional rhetoric bases, the argumentation theory renewed by Perelman and, in particular, the argumentation theory of emotions, our purpose is to underline the function and the effectiveness of the emotional content of the threat with which Zola warns President Félix Faure. We will show that the threat, whose aim is to lay the foundations of a moral revolt, is used to emotionally guide the reader by causing fear or anguish whose argumentation is based especially on the value of justice. In the form of a warning, Zola implicitly says to the first French citizen that his attitude towards the Dreyfus affair is inappropriate and that it could damage his "name" and his "reign". The threat becomes, thus, an implicit request for engagement, a call to action against the people in charge of the affair and in supporting Dreyfus and the other victims. This constitutes the illocutive act on the part of the author which is able to produce a perlocutive effect on the President in particular, and the wider public in general.

La force axiologico-affective d'une menace au Président de la République

SPAGNA, Maria Immacolata
2012-01-01

Abstract

Cette contribution se propose de donner une interprétation axiologico-affective de l’incipit menaçant du J’Accuse de Zola. Par l’appui des fondements de la rhétorique classique, de la théorie de l’argumentation renouvelée par Perelman et, notamment, de la théorie de l’argumentation des émotions, cet article vise à souligner la fonction et l’efficacité de la charge affective de la menace dont Zola prévient le Président Félix Faure. Notre objectif est de démontrer que la menace, dans le but de poser les bases d’une révolte morale, sert à orienter émotionnellement le lecteur en suscitant des sentiments tels que la peur ou l’angoisse dont l’argumentation se fonde surtout sur la valeur de justice. Sous la forme d’un avertissement, Zola dit implicitement au premier citoyen de la France que son attitude par rapport à l’affaire Dreyfus est inappropriée et qu’elle pourrait nuire à son « nom » et à son « règne ». La menace devient, ainsi, une demande implicite d’engagement, un appel à agir contre les responsables de l’affaire et au secours de Dreyfus et de toutes les victimes. C’est là l’acte illocutoire de l’auteur apte à produire un effet perlocutoire sur le Président en particulier, et sur le grand public en général. The aim of this study is to furnish an axiological-emotional interpretation of the menacing incipit of Zola’s J’Accuse. Starting from the traditional rhetoric bases, the argumentation theory renewed by Perelman and, in particular, the argumentation theory of emotions, our purpose is to underline the function and the effectiveness of the emotional content of the threat with which Zola warns President Félix Faure. We will show that the threat, whose aim is to lay the foundations of a moral revolt, is used to emotionally guide the reader by causing fear or anguish whose argumentation is based especially on the value of justice. In the form of a warning, Zola implicitly says to the first French citizen that his attitude towards the Dreyfus affair is inappropriate and that it could damage his "name" and his "reign". The threat becomes, thus, an implicit request for engagement, a call to action against the people in charge of the affair and in supporting Dreyfus and the other victims. This constitutes the illocutive act on the part of the author which is able to produce a perlocutive effect on the President in particular, and the wider public in general.
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